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La Malkovie

Un jour de pluie
Caravane du loup gris

Nul dans ce pays ne veut plus m’écouter ni m’entendre. Je prie pour qu’ailleurs des survivants puissent recevoir ce message et nous apporter assistance. Les sombres territoires de cette nation sont peuplés d’êtres fourbes et malveillants.
Quant aux simples paysans, ils n’ont pas conscience de la réalité ou refusent de la regarder en face. Personne à qui se fier ou de confiance. Lorsque l’on pénètre la Malkovie, elle montre tout de suite de quoi elle est capable. Les nuits alors que la lune est pleine, les lycanthropes attaquent quiconque serait assez imprudent que pour sortir de son logis.

Les caravanes qui passent de région en région vivent avec l’impression de passer de cauchemar en cauchemar. Les seigneurs qui dirigent leurs domaines sont tous pervertis par la malveillance. Les plus puissants d’entre eux règnent sur les plus vaste territoires et tentent de conquérir ceux de leurs voisins. Les ducs accablent leurs sujets d'impôts et prélèvent même une taxe sur chaque naissance.
Situé en terre de la nation, le comté de Drogskol est majoritairement peuplé de pathétiques hommes-bêtes créés dans le laboratoires du docteur Wingenstein. En eau, le long des côtes, les habitants sont continuellement tourmentés par de esprits et il ne faut pas espérer la moindre intervention du duc von Kohlf pour améliorer les choses.

Il reste que la Malkovie est une nation magnifique d’une beauté à couper le souffle. Mais une beauté qui devient oppressante lorsqu’au détour d’une vallée, levant les yeux vers les crêtes on découvre un château en ruines dont les tours inclinées semblent guetter les voyageurs de leurs fenêtres étroites. Lorsque la nuit tombe, vous commencer à avoir peur et vous sentez seul. Mais vous avez surtout peur de ne pas être vraiment seul.

Vous croyez que la nature est indifférente aux souffrances humaines? Vous vous trompez. Il faut la considérer comme une force hostile. Les forêts dissimulent dans leurs ombres des prédateurs inconnus. Les tempêtes vous retardent sur les routes et vous laissent à la merci des créatures de la nuit. Et s’écarter de la route est prendre le gros risque de ne jamais plus pouvoir y revenir.
Des créatures venues des lointaines contrées de l’Empire d’Or avancent parfois en cortège funèbre sur les routes et sont toujours accueillies comme des invités de marque par les seigneurs locaux ou le plus grandes autorités de la nation. Qui sait seulement pourquoi ils parcourent les routes, d'où ils viennent et surtout quelles sont leurs intentions pour la Malkovie?

Les Malkoviens dans leur grande majorité sont des gens rudes,sans la moindre parcelle de bonté dans leur coeur. Ils considèrent (à juste titre sans doute) que les dieux ne les ont pas abandonnés et leurs temples en ruine ne servent pas que de retraite aux rats qui infestent la région. Les cérémonies religieuses subsistent et ne sont pas les enterrements discrets, mais des appels et des rassemblements publics et ouverts en honneur aux dieux.
Les conditions de vie sont telles que personne ne s’étonne, ni ne se préoccupe des disparitions régulières. Pour ajouter à ce climat angoissant, une épaisse nappe de brouillard recouvre régulièrement les terres de la nation. D’aucuns disent que ce n’est qu’une manifestation de la princesse Katarina qui inspecte sous cette forme les terres de ses vassaux.
La prudence voudrait que l’on se méfie de tout ceux que l’on rencontre, mais c’est impossible.Malheureusement, même après quelques semaines de voyage avec un agréable compagnon, la lune ou un quelconque évènement est là pour rappeler qu’il en faut peu pour qu’un fou sanguinaire n’apparaisse à sa place.

Par de nombreux aspects, la Malkovie semble être devenue une énorme prison dont les puissances qui la contrôle sont les gardiens qui se délectent des souffrances des captifs. Les montagnes serviraient alors de murailles et les fleuves des douves infranchissables. Cependant, le commun des mortels peut garder un faible espoir d’évasion mais le risque d'être rattrapé est énorme et pour aller ou?

Quelques humains parviennent à vivre dans ces terres de cauchemar en adaptant leur manière de penser au chaos qui y règne. J’ai pu constater que leur logique est différente de tout un chacun. Pour eux, le”vrai” est synonyme de “visible”; en d’autres termes, ils considèrent qu’une chose n’existe plus dès qu’elle sort de leur champ visuel. C’est au prix de cette indifférence de l’autre que certaines populations sédentaires parviennent à survivre bon gré mal gré.
Quelque chose en moi m’interdit d’abandonner l’espoir. Je trouverai ma voie. Mais vers qui me tourner si ce n’est vous, les étrangers pour trouver les réponses aux questions qui me rongent? Seule ici, notre caravane ne peux rien faire et chaque jour nous craignons de perdre le peu de raison qu’il nous reste, que les dieux nous entendent.

Bjorn von Bistritz,
Rebouteux de la caravane du loup gris

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